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La pharmacopée chinoise est l’une des plus anciennes traditions médicales au monde, et son développement remonte à plusieurs millénaires.
Les traditions de la médecine et de l’utilisation des plantes médicinales existaient en Chine dès les dynasties Shang (environ 1600-1046 av. J.-C.) et Zhou (1046-256 av. J.-C.), ce qui situe les origines de ces pratiques à environ 3000 ans.
La première forme de pharmacopée chinoise écrite que l’on connaisse date de l’époque de la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.). Le texte majeur de cette époque est le « Shennong Bencao Jing » (神农本草经), ou « Classique des herbes de l’Empereur Shennong », qui a été compilé vers le 1er siècle apr. J.-C. sous la forme d’un traité médical.
Selon la légende, l’Empereur Shennong, un souverain mythologique, aurait lui-même expérimenté les plantes médicinales et enseigné à ses sujets leur utilisation. Ce texte répertorie des centaines de plantes médicinales, divisées en trois catégories selon leur efficacité et leur potentiel thérapeutique, et il représente la base de la pharmacopée traditionnelle chinoise.
La pharmacopée chinoise a continué à évoluer au fil des siècles, avec des ajouts et des révisions. Un autre texte important est le « Bencao Gangmu » (本草纲目), ou « Grand Compendium des Matières Médicinales », écrit par Li Shizhen au 16e siècle sous la dynastie Ming. Ce livre est un ouvrage fondamental qui rassemble une vaste quantité d’informations sur les herbes médicinales et leurs usages.
Ainsi, bien que des pratiques médicinales en lien avec les plantes et les substances naturelles existent depuis des millénaires en Chine, les premières œuvres écrites datent principalement du 1er siècle apr. J.-C..
et toujours d’actualité !
Lors de mon séjour en Chine à la fin octobre 2024, j’ai eu l’occasion de constater que la pharmacopée chinoise reste profondément ancrée dans les pratiques médicales contemporaines. Ce qui m’a le plus frappé, c’est de voir à quel point cette tradition millénaire est toujours vivante et utilisée de manière intégrée dans le système de santé moderne.
Dans les hôpitaux, les médecines traditionnelles cohabitent harmonieusement avec la médecine moderne. En effet, les hôpitaux disposent de leur propre stock de plantes médicinales et, après consultation avec un médecin, le patient peut se voir prescrire une préparation spécifique. Ce qui m’a particulièrement étonné, c’est l’efficacité et la rapidité du processus : une fois la formule prescrite, le patient n’a qu’à descendre quelques étages pour récupérer sa préparation, prête à l’emploi. Les plantes sont mélangées et dosées en quelques minutes, offrant une solution rapide et personnalisée aux besoins de chaque patient.
Mais la pharmacopée chinoise ne se limite pas aux hôpitaux. Dans les pharmacies chinoises, on trouve une grande variété de produits : des plantes entières, soigneusement sélectionnées, mais aussi des formules complexes sous forme de pilules. Ce qui m’a marqué, c’est la manière dont les médicaments allopathiques et les plantes médicinales coexistent de manière fluide et complémentaire. Les deux types de traitements sont proposés aux patients, selon les besoins et les recommandations des professionnels de santé, dans un équilibre qui semble parfaitement naturel et efficace.
Ce séjour m’a permis de découvrir l’harmonie entre tradition et modernité dans le domaine de la santé en Chine, où la pharmacopée chinoise n’est pas reléguée à une pratique marginale, mais reste un élément essentiel de la prise en charge des patients.
Une médecine au service de tous
En définitive, la pharmacopée chinoise, utilisée depuis plus de 3000 ans, reste un pilier incontournable de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) et s’intègre parfaitement dans le paysage médical moderne. Mon séjour en Chine m’a permis d’apprécier non seulement son efficacité et sa place centrale dans les hôpitaux et les pharmacies, mais aussi la complémentarité harmonieuse qu’elle partage avec d’autres pratiques de la MTC, telles que l’acupuncture ou le tuina.
Ces disciplines, combinées aux avancées de la médecine allopathique, offrent aux patients une prise en charge globale, personnalisée et profondément ancrée dans une vision holistique de la santé. La Chine illustre ainsi avec brio comment une tradition ancienne peut s’adapter et prospérer dans le monde contemporain, pour le bien-être de tous.
